Habitat
Le mellah
Le mellah est le quartier traditionnel dans lequel les Juifs ont vécu. Il peut être séparé ou non des autres quartiers ou de la ville, mais tous les Juifs, même étrangers, comme les ambassadeurs des royaumes chrétiens de passage au Maroc, doivent y résider.
L’origine étymologique du mot est incertaine. D’après Simon Lévy, le premier mellah aurait été construit sur un terrain qui aurait servi de dépôt de sel gemme, d’où son nom. Il désigne par la suite les quartiers emmuraillés où les Juifs vivent leur autonomie administrative, mais le mot n’apparaît que vers la fin du XVIe siècle.
Le premier mellah est fondé à Fès Jdid en 1438 sous les Mérinides. Suivent ceux de Marrakech (1557-1558), de Tagaost ou de Taroudant dans le sud au milieu du XVIe siècle, Meknès (1682), Tétouan, Rabat-Salé (1807-1808).
Les historiens présentent différentes images du mellah. Celle d’André Chouraqui est désespérée et désespérante, car les Juifs y sont parqués; d’autres insistent sur les différences entre le mellah et les ghettos, relativisant ainsi certaines descriptions de la condition des Juifs marocains.
La structure du mellah se rapproche de celle des médinas. Ordonné en réseau, à partir d’une rue principale où se trouvent les commerces, le mellah abrite des rues consacrées aux activités économiques spécialisées et des zones de résidence.
Les conditions de salubrité y sont souvent médiocres et l’espace disponible généralement minime, d’où une forte densité de population, accompagnée d’une grande pauvreté.
A partir du Protectorat français, et surtout après l’Indépendance, les Juifs vont quitter les mellahs pour s’installer soit dans de nouveaux quartiers juifs comme à Meknès, soit dans les quartiers européanisés édifiés par les colonisateurs.
On peut voir des exemples de cette architecture moderne, influencée par des Juifs, dans la ville de Casablanca.
Interieurs
Les maisons sont bâties selon un modèle inspiré de l’héritage andalou, avec un patio central autour duquel s’organise le reste de l’espace habitable.
Les belles demeures sont souvent agrémentées de carrelage de marbre ou de briques vernies, de plafonds en bois peint ou sculpté et de zelliges, céramiques de couleurs et de motifs arabesques, qui courent sur les murs à hauteur d’homme.
L’ameublement est simple et généralement semblable à celui des voisins arabes ou berbères: tapis, coussins, divans, coffres, table basse. Dans la grande salle, des khyati, ou tentures aux arabesques de couleur rouge ou verte, en velours ou satin font écho aux tapis de laine portant des motifs floraux, géométriques, ou des personnages aux couleurs vives.
Les coussins de laine, de soie, de satin de velours sur carton ou cuir, aux formes géométriques ou couverts de riches broderies d’or aux motifs stylisés (étoiles, oiseaux, fleurs) donnent un sentiment de confort et de chaleur.
Parmi les ustensiles d’apparat, le plateau à thé comprend le service à thé, les brûle-parfums, les marteaux à sucre, les mortiers et les soufflets. Il se dégage de ces intérieurs la chaleur d’une vie familiale intense.

La décoration des pièces, le mobilier et les ustensiles se sont modernisés sous l’influence européenne, mais il n’est pas rare que les familles conservent un salon meublé à la mode arabe, et cela même dans les nouveaux pays d’accueil où elles se sont installées.