Les Fêtes

Les fêtes scandent la vie des familles juives marocaines de façon codifiée. Les cycles de la nature et des travaux agricoles y sont célébrés, et elles sont aussi l’occasion de rappeler l’histoire du peuple juif.

Très marquées par les fondements spirituels de la tradition juive, elles fournissent l’occasion de resserrer les liens communautaires et familiaux.

Hilloulah

 Tout comme dans la tradition religieuse de leurs compatriotes musulmans, la vénération des saints occupe une place importante dans le judaïsme marocain.  Plusieurs rabbins, tout au long des siècles, ont atteint le statut de saints thaumaturges et les récits hagiographiques ou les Qsaïd ou Qissas (poèmes souvent improvisés) qui leurs ont été consacrés, rappellent leurs miracles.

    Ils continuent d’être invoqués dans la vie quotidienne, pour détourner le mauvais oeil, éviter un danger ou obtenir une guérison et maintenir un rapport affectif à la spiritualité.   Il est de coutume de visiter le tombeau d’un saint le jour de l’anniversaire de sa mort et de donner un repas en son honneur Hilloulah en araméen ou mariage spirituel en hébreu.

Lieu de la tombe de Rabbi Meir Baal Haness (Tibériade)

 La hiloulah la plus importante est celle de Rabbi Chimôn Bar Yohaï (C100-c.160 de notre ère), un rabbin et mystique considéré comme le rédacteur du Zohar (Le livre de la Splendeur). Sa tombe, située à Méron près de Safed, donne lieu à de nombreuses festivités tant au Maroc qu’en Israël lors de la fête, aujourd’hui nationale, de Lag Ba’omer, le 18 Iyyar (généralement au mois de mai).

   Celle du rabbi Meir Baâl Hannès a lieu le jour suivant à Tibériade. 

   Les hilloulot en l’honneur des saints juifs marocains rassemblent une foule de fidèles auxquels se joignent souvent des compatriotes musulmans. 

   Elles s’accompagnent d’une veillée de prières et de récitation de psaumes, de repas, de danses et de chants, à la lumière de foyers et de cierges, achetés aux enchères dans la ferveur la plus totale.

    A ce culte principal, s’ajoutent souvent des pèlerinages secondaires de la part des femmes stériles et de malades venus chercher guérison et consolation.

Les pèlerinages
Les Juifs du Maroc et de l’étranger viennent célébrer les hiloulot autour des sépultures de rabbins vénérés pour leur piété. Les traditions en milieu musulman ne sont pas éloignées de ces manifestations où se mêlent liesse populaire et célébration des rites.

Saints principaux du Maroc

Azemmour : Rabbi Abraham Moulness
Demnate :
Rabbi David Halévy (Arbaa Hmadna)

Essaouira : Rabbi Haïm Pinto, Rabbi Nessim Ben Nessim (Aït Bayoud)
Fès:
Rabbi Yéhoudah Benattar

Ighrem (Ouarzazate): Rabbi David OuMoshé
Ouezzane : Rabbi Amram ben Diwan
Rabat-Salé : R. Raphaël Ankaoua
Safi :
Oulad Ben Zmiro
Taroudant : Rabbi David Ben Baroukh Ha Chen-Azog (Aoulouz)

 

Autres pèlerinages :

Benahmed: Rabbi Yahia Lakhdar
Casablanca: Rabbi Eliahou
Fès: Lalla Solika Hatsadika; Rabbi Haïm Cohen
Ksar El-kebir: Rabbi Yéhoudah Jabali
Marrakech et ses environs:
Rabbi Habib Mizrahi (Aït Ourir); Rabbi Hanania HaCohen; Rabbi Schlomo Bel Hench (Ourika); Rabbi Pinhas Cohen
Meknès: Rabbi Raphaël Berdugo; Rabbi Boussidan
Moulay Ighi-Zaghten: Rabbi David Lachkar
Oujda: Rabbi Saadia Haddati; Rabbi Schlomo Hacohen Hakham Dseban
Rabat-Salé: Rabbi Eliezer d’Avila
Sefrou: Rabbi Moshè Elbaz (maître de la grotte)
Settat: Rabbi Abraham Aouriouir (Moualin Dad Bouziri)
Tafilalet-Gourama: Rabbi Itshak Abouhassira
Tétouan: Rabbi Itshak Benwalid

Rosh Hashanah (Nouvel An)

Parle ainsi aux enfants d’Israël : au septième mois, le premier jour du mois sera pour vous un repos solennel. Ce sera pour vous le jour de la convocation sainte. Vous ne ferez aucune oeuvre servile, et vous offrirez un sacrifice à l’éternel (Lévitique 23).

   C’est ainsi que la Torah enjoint de commémorer cette fête, les deux premiers jours du mois de Tishri (Septembre ou Octobre). Elle inaugure la période des Yamim Moraïm,les jours austères, une période de réflexion et d’introspection qui s’achève au Yom Kippour.

   Fête du souvenir et du jugement, elle enjoint aussi au repentir.

   Pendant le mois d’Elul, puis entre Roch Hachanah et Kippour, les Selikhot ou supplications, lues dans la nuit à la synagogue préparent au repentir. La prière nocturne “Aarbit” commence le premier soir par le piyout “Ahot Ketana” (la petite soeur), et par le “Hon Tahon Al Banekha” (Sois compatissant envers tes enfants) le second soir.

  On récite ensuite le psaume “LeDavid Mizmor” (Psaume 24) ou “Mizmor “Haparnasah”,devant l’arche de la loi. Le lendemain, l’office des jours de fête est complété par une liturgie portant sur la toute puissance de D. et sa clémence, et le rappel de sa révélation au Sinaï.

  Les piyoutim “Elohay Al Tedineni Kemaali” (Seigneur, ne me juge pas selon mes mauvaises actions), “Hahaderet Vehaemouna” (La confiance et la foi) sont entonnés.

Les sonneries du shofar – censées réveiller les coeurs et la clémence de l’Eternel- sont les moments culminants de l’office et rappellent le don de la Torah et le sacrifice d’Isaac. Devant les portes ouvertes de l’arche de la loi, les fidèles chantent le poème “Eth Chaaré Ratson” (l’heure des portes de la miséricorde).

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A la maison, le repas du soir est précédé par la bénédiction des fruits et des légumes qui symbolisent la nouvelle année, la douceur et la joie. Chacun de ces ingrédients est ensuite béni et mangé par les membres de la famille.

La Pomme au miel, symbole de douceur, éloigne les malheurs. Autre douceur, les Dattes symbolisent aussi la grandeur : afin que nous nous élevions comme des palmiers-dattiers et que nos péchés disparaissente. (En hébreu le mot tamar signifie anéantir, en finir avec les ennemis).

La Grenade, l’un des sept fruits de la terre d’Israël, symbolise sa fertilité et l’unité du peuple juif : …Que nos mérites augmentent comme les grains du fruite.

Les poireaux ou karti, dont la racine signifie supprimer, retrancher (nos ennemis)

La courge ou karé , pour défaire un verdict défavorable

Les blettes ou salka, dont la racine en hébreu renvoie à la notion de croissance.

La tête d’agneau ou de mouton, symbolise l’élection du peuple juif, que D. a placé en tête : qu’Israël soit en tête des nations et non en queue.

Le poisson, placé sur la table, symbolise le destin et éloigne du mauvais oeil : que nous croissions comme les poissons dans l’eau.

Yom Kippour (jour du grand Pardon)

Le dixième jour du septième mois, jour des expiations, vous recevrez une convocation sainte ; vous mortifierez vos corps, offrirez un sacrifice à l’éternel et ne ferez aucun travail, pour vous réhabiliter devant l’éternel votre D. . Toute personne qui ne respecte pas ce commandement n’appartient plus au peuple juif (Lévitique 23,26-32).
C’est ainsi que la torah définit Yom Kippour, le Jour du grand pardon, qui a lieu le dix du mois de Tishri (Septembre ou Octobre)

Le jugement prononcé à Roch hashanah devient exécutoire à Yom Kippour, d’où l’importance de la dimension du repentir pour les péchés commis pendant l’année.  Ce repentir personnel s’inscrit dans une dimension collective qui accompagne cette journée précédée de préparations rituelles et alimentaires.

Quelques jours avant Kippour, on procède au sacrifice d’une poule pour les femmes (trois pour les femmes enceintes : une pour la mère, et deux pour le bébé qui pourrait être de l’un ou l’autre sexe) et d’un coq par homme, en guise d’expiation des péchés de chacun des membres de la famille. Le rabbin fait passer au-dessus de la tête de chacun l’animal vivant, en répétant trois fois la phrase : “qu’il expie leurs péchés, et ceux de tout Israël”. Cette injonction vise à transférer sur la bête tous les péchés ; puis il procède au sacrifice de l’animal selon les normes de la cacherout.

La nuit précédant celle du Yom Kippour, il est de coutume, selon l’injonction du Deutéronome (25,3) d’expier les péchés en recevant du rabbin 39 coups de nerf de boeuf ou de bâton en récitant 3 fois les 13 mots du Psaume 68,28, qui traite de la miséricorde de D. et de son pardon.

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Grand rabbin Messas avec le Dr Benzaquen et le Président Loeb
Grand rabbin Messas avec le Dr Benzaquen et le Président Loeb
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 Le repas précédant le début du Yom Kippour, frugal et pris avant le coucher du soleil, doit préparer au jeûne de plus de vingt-quatre heures qui caractérise le kippour.   De nombreux interdits semblables à ceux du chabbat marquent le Yom Kippour. De plus, les vêtements d’apparat, comme les chaussures en cuir, sont évités, tout comme les conversations inutiles et les relations sexuelles.

A la synagogue, l’office du soir commence par le piyyout “Lekha Eli Teshukati”, puis le “Kol Nidré”, un texte en araméen, lu avec émotion devant l’arche de la Loi ouverte. L’origine de cette coutume proviendrait de la période de l’Inquisition où les Juifs marranes demandaient pardon pour avoir accepté le baptême. L’office peut être suivi par le chant des Psaumes et des extraits du Zohar, le livre de la splendeur.

   D’autres prières comme “Hânenou” (Exauce-nous) et “Rahoum Vehanoun” (Clément et Miséricordieux) sont chantées.

L’office peut être suivi par le chant de Psaumes et d’extraits du Zohar (le Livre de la Splendeur), un ouvrage cabbalistique.

Durant l’office du matin, les fidèles lisent des piyoutim, des prières et la portion de la torah “Parachah” tirée du Lévitique 16 qui porte sur le rituel du bouc émissaire et de la section des Prophètes “Haphtarah” tirée du livre d’ Isaïe ( 57-17) qui traite de la contrition et de l’humilité. Le Moussaf, qui rappelle les sacrifices du temple est suivi de Minha (prière de l’après-midi) où les textes bibliques portant sur les interdits de l’inceste et le livre de Jonas sont lus.

L’office se termine par la Nehilah et la sonnerie du chofar devant l’arche de la Loi ouverte.
Les autorités marocaines présentent les voeux du gouvernement et reçoivent à la synagogue, lors de l’office du soir, la prière spéciale dite pour le roi et son royaume.

   Dans les pays où les communautés marocaines sont installées, ces traditions de prières pour le bien-être du pays d’accueil se perpétuent.

   De retour à la maison, après que le chef de famille a prononcé les bénédictions sur la lumière et sur le vin qui permettent le passage du temps sacré au temps profane, on rompt le jeun. Du thé et des gâteaux sont servis, suivis un peu plus tard des mets traditionnels.

Soukkoth

Soukkoth (fête des cabanes) est l’une des trois fêtes de pèlerinage obligatoire du temps du Temple de Jérusalem. Elle coïncide avec la saison des moissons et commémore les 40 ans que les enfants d’Israël ont passé dans le désert avant de pouvoir entrer dans la terre promise.

Fête de l’allégresse et de la joie, elle a lieu entre les 15 et 23 du mois de Tishri.

Le commandement édicté dans Lévitique, 23,42-43 prescrit :

Vous demeurerez dans des tentes durant sept jours; tout indigène en Israël demeurera sous la tente, afin que vos générations sachent que j’ai donné des tentes pour demeure aux enfants d’Israël quand je les ai fait sortir d’Égypte, moi l’éternel votre Dieu.

Le lendemain de Kippour commence la construction de la Souccah. Au Maroc, on s’approvisionne auprès des paysans en roseaux et branches de palmier pour construire les murs et le toit de la cabane, laquelle peut être aussi en bois.

Aujourd’hui, dans plusieurs communautés, les synagogues construisent leur propre souccah pour accommoder les fidèles qui ne peuvent la bâtir. Maison temporaire, cette cabane symbolise pendant une semaine la rupture avec le confort et la sécurité du foyer.

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Famille juive dans sa Soucca - Fès 1905
Famille juive dans sa Soucca - Fès 1905

On choisit avec soin le fruit du cédrat “etrog” et les différentes plantes qui seront bénies durant les offices et à la maison pendant la semaine. Ces végétaux, dont les caractéristiques et les mesures obéissent à des critères sévères symbolisent la diversité du peuple juif. Le Loulav (branche de palmier au goût agréable et sans odeur), symbole de la victoire, fait référence aux individus qui étudient mais n’accomplissent pas de bonnes actions.

Le hadas (myrte à la bonne odeur et sans gôut ), symbole de l’immortalité et de la réussite représente ceux qui n’étudient pas mais accomplissent de bonnes actions.

L’aravah (saule pleureur), symbole de la dépendance à l’eau, n’a ni odeur ni goût et représente ceux qui n’étudient pas et n’accomplissent pas de bonnes actions.

Cet ensemble est souvent décoré de fils de soies de couleurs vives, suivant des formes géométriques.

L’etrog (cédrat qui a bon gôut et qui sent bon), cultivé au Maroc dans la région de Taroudant, symbole de la fertilité, réfère à ceux qui apprennent et accomplissent de bonnes actions.

Etrog et Loulav
Etrog et Loulav

A la synagogue, on chante plusieurs piyoutim comme Soukkah veloulav leâm segoula . Le loulav et l’etrog sont alors pointés vers les quatre points cardinaux puis vers le haut et vers le bas, et agités pendant les hochaânot, une procession circulaire autour de la tébah. Les fidèles demandent la bénédiction de D., ponctuant chaque phrase avec le mot hochaâna (délivrez-nous maintenant).

De nombreux piyoutim sont chantés à cette occasion comme Likhvod Torah (à la gloire de la Torah).

A la maison, on refait la bénédiction du loulav dans la souccah familiale. Les repas y sont pris et les plus pieux y dorment.

    Après le repas du soir, il est de tradition de réciter des poèmes en l’honneur des sept invités de marque, les Oushpizin (Abraham, Isaac, Jacob, Joseph, Moïse, Aaron et David), qui selon la tradition cabbalistique sont présents à chacune de ces soirées. Différents textes talmudiques ou cabbalistiques sont aussi lus à cette occasion.

   Le septième jour, Hochaâna Rabba (grande délivrance) est selon la Cabbale, une sorte de petit Kippour pendant lequel les portes du ciel s’ouvriraient permettant un délai supplémentaire dans l’expression de la compassion divine.

   Toute la nuit précédente, les fidèles étudient les textes bibliques, les livres des prophètes, les hagiographes et les supplications. Le livre des Psaumes est divisé en sept parties qui sont lues et entre lesquelles les dix sons du chofar sont entendus. La lecture de textes zohariques révèle l’influence cabbalistique. Des boissons et des gâteaux sont offerts à la fin de la cérémonie.

   Le service régulier du lendemain matin, qui est une continuation de la soirée, s’achève par la sonnerie répétée dix fois du chofar, et par sept hakafot autour de la tévah, sur laquelle les rouleaux de la Torah ont été placés.

Célébration de Simhat Thora dans une synagogue de Casablanca

Le huitième jour “Shémini Atseret” comprend en particulier la prière pour la pluie. La fête s’achève avec Simhat Torah (la joie de la Torah) où après l’office du soir, les fidèles accomplissent les Hakafot (des processions circulaires) où les adultes font danser les rouleaux de la Torah en chantant.

    Durant l’office du matin, les Hatanim (hatan Torah, hatan bereshit),généralement des jeunes hommes mariés dans l’année, lisent la dernière et la première portion de la Torah et offrent aux membres de leur synagogue, un repas à la maison ou à la synagogue.

    De nombreux piyoutim sont chantés à cette occasion. Il est aussi de coutume d’initier les enfants à la lecture d’un passage de la Torah.

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Hanoucah

Hanoucah, la fête des lumières, signifie inauguration. Elle a lieu à partir du 25 Kislev (Novembre-Décembre) et dure huit jours.

    Fête post-biblique, elle commémore la reconquête de l’indépendance nationale et la purification du Temple – sous la conduite des Hashmonaïm, appelés les Maccabées – du joug des Grecs Séleucides (entre autres de Antiochus épiphane, 175-163 avJC) qui voulaient assimiler la nation juive à la culture grecque, en éliminant en particulier le culte juif.

    Une fiole d’huile d’olive aurait miraculeusement servi à maintenir la flamme du candélabre du Temple pendant huit jours, ce qui donna le temps de fabriquer une nouvelle huile permettant ainsi la resanctification du Temple profané par les Grecs. C’est l’aspect des lumières qui domine, puisque l’obligation religieuse consiste à allumer la hanoukiah, le candélabre à huit branches, tous les soirs, à raison d’une lumière par soir en commençant par la droite. Le premier soir, une mèche est allumée, le second soir deux mèches et ce, jusqu’au huitième jour.

    Cet allumage s’accompagne de bénédictions, de même que de chants rappelant les exploits des Maccabées.

    Il est de coutume de manger des beignets frits dans l’huile à cette occasion.

    Cet allumage s’accompagne de bénédictions, de même que de chants rappelant les exploits des Maccabées.

    A la Synagogue, lors du service du matin, on lit des extraits de la Bible qui se rapportent aux chandelles (ner) ou à la lumière (or) car la Torah est comparée à la lumière.

Ecole Talmud Torah - 1960 (Photo AIU)
Ecole Talmud Torah - 1960 (Photo AIU)
Musique

Pourim

Pourim (sort tiré aux dés) qui a lieu le 14 Adar (mars) commémore le sauvetage des Juifs de Perse, à la suite de l’intervention de la reine Esther et de son oncle Mardochée.

Déjouant le complot monté par Haman, les Juifs échappent au massacre que le vizir du roi Assuérus avait organisé et au sort (pour en hébreu) qu’il leur avait jeté.

Le samedi précédant Pourim “Chabbat zakhor” un piyout sur l’histoire de la reine Esther est lu. Traditionnellement, le jeûne d’Esther qui précède la fête est suivi par tous, en particulier les femmes, et une somme d’argent (hatsi hashekel, demi sicle d’argent par personne) est ramassée. Cette somme symbolise celle qui fut collectée auprès des fidèles pour la construction du sanctuaire dans le désert et la réfection du Temple à Jérusalem.

La fête de Pourim s’accompagne de coutumes multiples. Après l’office du soir, la Meguilah d’Esther est lue publiquement. Chaque fois que le nom de Haman est prononcé, le charivari éclate, cris, bruits de pétards, martèlement des pieds pour effacer symboliquement son nom.

La lecture est répétée à la maison, suivie d’un repas comprenant du poisson comme l’alose, des gâteaux et des boissons comme la mahia (eau de vie). La tradition veut que l’on puisse boire tout son saôul, jusqu’à ne plus voir de différence entre Haman et Mardochée.

Meguilat esther
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Meguilat Esther
Meguilat Esther

Un véritable carnaval a lieu, où enfants et adultes déguisés, défilent dans les rues. Il était aussi de coutume de coiffer les cheveux des jeunes filles à l’instar de Esther, mais cette pratique s’est aujourd’hui perdue.

   Aujourd’hui, Pourim est souvent fêtée dans les synagogues et les écoles par des spectacles pour enfants. Les jeux de cartes, interdits en d’autres circonstances, sont permis. Des soirées de jeux, cartes, roulette et autres sont organisées dans les centres communautaires.

    Au plan musical de nombreuses qsidot mettaient en scène avec humour les personnages de Pourim.

    Des cadeaux de nourriture (sucre, gâteaux, amandes, noix, raisins secs) sont offerts aux amis et voisins. Selon la halakhah,il faut aussi donner de l’argent aux pauvres.

    Des petits gâteaux et des pains de formes diverses (échelles, oiseaux, patte de chat, faisant référence à des métaphores bibliques) sont donnés aux enfants.

    Des tranches d’oeufs, placés dans la pâte, rappellent les yeux et le visage de Haman.

    Le matin de pourim, il est aussi de coutume de manger du berkuks ou couscous cuit dans du beurre et du lait.

   Plusieurs ont aussi l’habitude à cette occasion de se moquer de Haman en organisant la Seoudah chel Haman ou Hborah di Haman (en arabe).

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Pourim à Narcisse Leven Casablanca - 1973 (Photo AIU)
Pourim à Narcisse Leven Casablanca - 1973 (Photo AIU)
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Pour commémorer des événements où les communautés juives ont été épargnées, il était de coutume d’instaurer des petits pourim “Pourim Katan”. Ainsi, de telles commémorations prenaient place dans plusieurs villes:

Tanger et Tétouan: Pourim de los Cristianos à Tanger et Tétouan, en 1578 le 6 Éloul (août et septembre). Il commémore la mort du roi du Portugal Don Sébastien, lors de la bataille des Trois Rois, près d’Alcazarquivir. Celui-ci voulait conquérir le Maroc.

Fès: Pourim del kor à Fès, le 22 Kislev (Novembre-Décembre), rappelle qu’en 1831 le mellah de Fès a échappé à la destruction par des projectiles (kor en arabe veut dire balles) alors que des membres de la tribu des Oudaya, en révolte contre le sultan Moulay Abd El Rahman, se réfugièrent dans le quartier juif.

Tanger: Pourim de las Bombas à Tanger, le 21 d’Av (août) commémore le bombardement de la ville, au courant de la première moitié du XIXe siècle. Des navires français ont canonné la ville sans faire de victimes.

Meknès: Pourim del Mgaz de Meknès, le 13 Adar (mars) rappelant le sauvetage miraculeux, en 1862, de la ville. Filal el Mgaz,un brigand qui voulait soulever les populations marocaines contre le sultan de Fès, échoua dans sa tentative de leur livrer les communautés juives.

Casablanca: Pourim de Hitler de Casablanca, le 12 Kislev, rappelant le débarquement américain du 8 Novembre 1942 au Maroc, signalant le début de la défaite de Hitler.

   Ces commémorations sont aujourd’hui tombées en désuétude mais gardent encore un aspect folklorique.

Tou-Bichevat

Tou-Bichevat (le 15 Shevat, février-mars), la fête des arbres et des fruits, annonce l’arrivée du printemps. Dans une soirée qui rappelle le séder de Pessah, on lit des passages de la Bible et du Zohar et on fait des bénédictions sur les fruits contenus dans le Sefer Peri Ets Hadar, qui rappellent les douze combinaisons du Nom Divin dans les versets bibliques :

Olives, dattes, raisins, figues, grenades, cédrat, pommes, noix, noisettes, caroube, vin et pommes sauvages.

En Israël, les enfants plantent un arbre dans les forêts, alors qu’en diaspora la coutume est de faire un don.

Raisins
Raisins
Pommes
Pommes
Olives
Olives
Noix
Noix
Grenades
Grenades
Figues
Figues
Dattes
Dattes
Caroube
Caroube
Noisette
Noisette

Pessah

Pessah commémore la sortie des Juifs d’Égypte sous la conduite de Moïse.

   Le nom donné à cette fête signifie passer au dessus, car D. passa au dessus des maisons des Hébreux pour les sauver et épargner leurs premiers-nés de la mort.

   Pessah dure huit jours; elle a lieu au printemps et commence le 15 Nissan (avril). Auparavant, la maison est entièrement nettoyée et cachérisée : les produits alimentaires non cacher à Pessah sont éliminés “Hamets” et les ustensiles de cuisine sont spécialement traités pour la fête.

La veille du jour précédant la fête a lieu la cérémonie de la recherche du hamets “Bedikat hamets”, c’est à dire de toute trace de produit alimentaire interdit pendant la fête.

   Le chef de famille, une bougie à la main, et accompagné de son épouse et des enfants, doit retrouver des morceaux de pain cachés, et les placer dans un contenant.

    Ils seront brûlés le lendemain matin, accompagnés d’une prière. Un contrat de vente est aussi établi avec un non-juif pour la durée de la fête qui lui permet de se défaire des produits illicites.

Le 14 Nissan (avril) les premiers-nés doivent jeûner en souvenir de leur sauvetage lors de la mort des premiers-nés en Egypte.

La nuit du Seder de Pessah
La nuit du Seder de Pessah
La sortie des Juifs d'égypte sous la conduite de Moïse
La sortie des Juifs d'égypte sous la conduite de Moïse

Le Seder (ou ordre) précède le repas familial. Les mets rituels du seder, placés sur un plateau, concrétisent cette commémoration : les convives mangent ces mets selon un ordre précis, après que les bénédictions d’usage sont dites.

Un oeuf dur, symbole de deuil, rappelle la destruction du Temple;

L’os grillé rappelle le sacrifice de l’agneau pascal, le soir de la sortie d’égypte;

L’eau salée rappelle les larmes et la sueur des esclaves hébreux en égypte;

Des boulettes de haroset, une pâte composée de dattes, de noix et de différentes épices rappellent le mortier des briques qui avaient servi à la construction des villes pharaoniques;

Les herbes amères ou Maror rappellent l’amertume de l’esclavage;

Le persil ou céleri ou karpas évoque les feuilles qui ont servi à asperger les portes des hébreux avec le sang de l’agneau pascal.

Au centre du plateau, trois Pains Azymes, préparés spécialement pour cette occasion ou Matsa Chmoura rappellent les trois patriarches (Abraham, Isaac et Jacob) ou les trois groupes qui composent la communauté juive : Cohen, Lévi et Israël.

Le pain azyme mangé pendant les huit jours de la fête, rappelle la hâte avec laquelle les hébreux furent chassés d’égypte.

Les herbes amères ou maror
Les herbes amères ou maror
La Matsa
La Matsa
Un oeuf dur, symbole de deuil
Un oeuf dur, symbole de deuil
On boit quatre coupes de vin pendant le seder.
On boit quatre coupes de vin pendant le seder.

Le vin est omniprésent : on en boit quatre coupes pendant le seder. Elles symbolisent les quatre étapes de la délivrance (Exode 6, 6-7) :

   Je veux vous soustraire aux tribulations de l’Égypte, et vous délivrer de sa servitude; et je vous affranchirai avec un bras étendu, à l’aide de châtiments terribles. Je vous adopterai pour le peuple, je deviendrai votre Dieu; et vous reconnaîtrez que moi, l’éternel, je suis votre Dieu, moi qui vous aurez soustraits aux tribulations de l’Égypte.

Haggada de Pessah
Haggada de Pessah
Haggada de Pessah
Haggada de Pessah

Cet ensemble de rituels ont une valeur pédagogique et permettent la participation active des convives; les enfants sont invités à poser des questions, sur la spécificité de la nuit de Pessah, “Ma nichtana halaïla hazé”, en quoi cette nuit est-elle différente de toutes les autres nuits?

   Les participants répondent : nous avons été les esclaves de Pharaon en égypte, “Avadim hayinou”, ce qui permet d’insister sur la rédemption spirituelle, qui sera annoncée par le prophète élie, l’invité symbolique du repas.

   Le repas s’achève avec le Birkat Hamazon (action de grâces) suivie de chants traditionnels dont le “Had Gadya” chanté en araméen, en judéo-arabe et en judéo-espagnol. Le Cantique des cantiques est ensuite lu. Ce rituel se répète le second soir dans les communautés juives de la diaspora.

   La septième nuit de Pessah symbolise, selon la pensée cabbalistique, la traversée de la Mer Rouge. Elle est consacrée à la récitation de textes bibliques, de la Michnah et du Zohar.

    La Mimouna, influencée par son environnement arabo-berbère, clôt la fête de Pessah. Célébrée à la fin du huitième jour, le 23 Nissan (avril), elle se continue le jour suivant.

   L’origine du mot Mimouna varie selon les auteurs. Ainsi, il a été associé à la mort du père de Maïmonide, à émouna (confiance en D.) et à un mot provenant de l’arabe dialectal qui signifie bon présage. Il pourrait provenir de l’espagnol Mi Mona (Mon gâteau).

    L’importance de la Mimouna s’expliquerait aussi par l’injonction de retrouver la joie de la fête de Pessah, ternie par la mort des égyptiens (aussi créatures de D.) selon l’épisode biblique. Elle reflète aussi la perspective messianique associée à la libération nationale et spirituelle.

Mimouna à Fès 1950.
Mimouna à Fès 1950.
La mimouna au Musée du Judaisme Marocain de Casablanca. 2016
La mimouna au Musée du Judaisme Marocain de Casablanca. 2016
Mimouna àTanger - 1940
Mimouna àTanger - 1940
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A l’occasion de la Mimouna, les voisins musulmans, dans une atmosphère de convivialité, apportent à leurs amis juifs, des aliments qui leur ont manqué pendant les huit jours de fête.

   Pendant que les hommes assistent à un office où de nombreux piyoutim sont chantés comme le Ein Kelohenou,les femmes préparent la table richement dressée :

   Le poisson (symbole de fertilité), une coupe de farine (pour signifier l’abondance et le retour au pain) où sont disposés des pièces de monnaie, des bijoux, des cosses de fèves vertes et des oeufs (symboles d’abondance), de l’huile contre le mauvais oeil, du lait frais, du beurre, du lait caillé, des fruits secs, des fruits, des feuilles de laitue symbolisant le printemps, etc.

   Plusieurs spécialités alimentaires sont aussi apprêtées :

   Gâteaux à base d’amandes, Zaban (nougat), Mrozya (confiture de raisins secs aux amandes et aux noix), Mofleta,crêpe à base de farine et d’oeufs et trempée dans du miel et enveloppée de beurre, accompagné de thé à la menthe.

   A son retour de l’office du soir, le chef de famille bénit les membres de sa famille, à son retour de l’office du soir et leur offre une feuille de laitue trempée dans du miel accompagnée d’une gorgée de lait.

   Les maisons, aux portes ouvertes, accueillent amis, voisins et parents; habillés de leurs plus beaux vêtements, ils se rendent visite mutuellement jusqu’aux petites heures du matin et s’échangent le vÏu traditionnel, en judéo-arabe : “Ter-bhou-ou-tsaadou” (réussissez dans vos entreprises).

   Moment privilégié où les jeunes hommes et jeunes femmes peuvent se rencontrer, la Mimouna favorise les échanges de cadeaux entre fiancés et la rencontre formelle avec les beaux-parents.

A cette occasion, les Juifs pouvaient aussi porter le costume musulman, qui exprime, selon Haïm Zafrani :

   Le désir profond d’une libération sociale et politique, ce désir coïncidant, en l’occurrence, avec la rédemption religieuse et messianique.

   Le lendemain a lieu un pique-nique familial dans la nature près des surfaces d’eau, rappelant la traversée de la mer Rouge et le renouveau printanier. Dans certaines communautés, les oliviers ou les arbres sont bénis.

   Cette fête a connu un regain de succès, en particulier en Israël où elle a acquis le statut de fête nationale.

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Chavou’oth

Fête de la révélation, de la réception de la Torah sur le mont Sinaï, Chavou’oth tombe le 6 du mois de Sivan (avril-mai). Elle porte aussi le nom de Yom Habikourim (jour des prémices) rappelant le cycle agricole.

    Après l’office du soir, certaines familles mangent des galettes cassées dans du lait et du miel, rappelant la douceur de la Torah.

   Après le repas, à l’occasion d’une veillée d’étude, on lit durant la nuit des extraits du Tanakh, Taryag Mitsvot (les 613 commandements) et des Midrachim de la portion yitro de la Torah, ainsi que des textes mystiques.

    Le premier jour, la lecture de la Ketouba composée par le rabbin Israël Najara, évoque le mariage mystique de D. avec Israël.

   Le second jour, on lit celle du rabbin Raphaël M.Elbaz. Les fidèles se mettent ensuite debout pour la lecture des Dix commandements.

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  Le Livre de Ruth, qui raconte la foi de Ruth la Moabite, convertie au judaïsme, et ancêtre du roi David, est lue à minha (office de l’après-midi). A cette occasion, on récite aussi les Azharot Gdolot et Ketanot (les 613 commandements des rabbins Isaac Bar Ruben Albargeloni et Chlomo Ibn Gabirol).

   Les samedis entre Pessah et Chavouot,la lecture des Pirké Avot se fait avec une traduction, en arabe ou en espagnol lors de la prière du soir.

    Dermami

   Dans plusieurs régions, on asperge les passants avec des pompes ou des seaux d’eau. Cette coutume symbolise le lien avec la Torah qui, comme l’eau, est source d’enseignement et de fraîcheur.

   D’autres explications suggèrent que la réception de la Torah étant un événement si traumatisant que plusieurs en moururent, et que pour les ressusciter, D. envoya une rosée abondante.

   Les noces enfantines “Ors Del-Ktaïb” pratiquées à Fès et à Meknès, célèbrent un mariage fictif qui symbolise le lien entre Israël et la Torah.

Ticha ve av

Tisha Ve Av commémore la destruction des Temples de Jérusalem prend place le neuf de Av (juillet-aôut). Elle est précédée par une période de deuil qui commence le 17 Tammuz, jour d’un jeun qui marque la fin du siège de Jérusalem.

   On s’abstient de consommer de la viande, de se baigner dans les rivières ou à la mer. Les plus attachés au rite dorment par terre avec une pierre comme oreiller, vont nus-pieds et limitent leur alimentation à l’eau et au pain.

   Le jeun de Ticha be Av est précédé d’un repas consommé à la porte de la maison et comprenant un plat de lentilles, des oeufs durs trempés dans des cendres et du sel en souvenir de la destruction du Temple.

     Lors d’un office nocturne, les fidèles s’assoient par terre et lisent Eikha, le livre des Lamentations de Jérémie et des kinot composées par de nombreux poètes dont Juda Halévy et David Hassine qui commémorent le massacre des communautés juives de Tétouan, Fès, Meknès et Rabat en 1790 sous le règne de Moulay Yazid. Le décompte des années écoulées depuis la destruction du Temple est annoncé.

   Lors du service du matin, on psalmodie des kinot et on lit des textes sur la destruction du second Temple et le livre de Job.

  Les femmes réunies en petits groupes vont en pèlerinage au cimetière.

     Dans certaines communautés marocaines cette commémoration s’accompagne d’un carnaval pour les enfants.

   Certains commentateurs attribuent cette coutume à l’influence du sabbétaïsme, un mouvement hérétique qui se diffusa au cours du XVIIe siècle sous l’influence du faux messie Chabbétai Tsvi.

La "Dafina", plat traditionnel du Shabbat
La "Dafina", plat traditionnel du Shabbat

Shabbat

Pense au jour du Shabbat pour le sanctifier. Durant six jours tu travailleras, et t’occuperas de toutes tes affaires; mais le septième jour est la trêve de l’éternel ton Dieu : Tu n’y feras aucun travail, ni toi, ni ton fils ni ta fille, ni ton esclave mâle ou femelle, ni ton bétail, ni l’étranger qui est dans tes murs.

   Car en six jours l’éternel a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils renferment, et il s’est reposé le septième jour; c’est pourquoi l’éternel a béni le jour du Shabbat et l’a sanctifiée (Exode, 20,8-11).

 L’injonction du Shabbat apparaît aussi dans les dix commandements inscrits sur les Tables de la Loi. Ce commandement s’enracine aussi dans le rappel de l’événement de la sortie d’égypte et constitue le signe de l’Alliance entre Dieu et Israël.

  Cette journée est entourée de multiples rituels et coutumes visant à la singulariser et à la sanctifier, permettant ainsi de libérer les individus des contingences matérielles et les plonger dans le monde spirituel. Les rituels qui l’entourent sont marqués par les prières – influencées par les traditions cabbalistiques – qui ponctuent les offices :

   La veille au soir (årbit); le matin (Charhit); et l’après-midi (Minha).

   La solennité du Shabbat est marquée par de multiples préparatifs, par l’obligation de prendre les trois repas rituels, moyen d’atteindre aux délices du Shabbat (Oneg Shabbat) et de mieux comprendre la Torah.

   Dans la journée du vendredi, un ensemble de gestes marquent la préparation du Shabbat. Les aliments pour les repas du vendredi soir et du samedi midi sont soigneusement préparés. Les plus religieux font leurs dons d’aumônes (tsedakah) et prennent le bain rituel au mikveh.

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Le repas de Chabbat avec la bouteille de Mahia (eau de vie)  Sud du Maroc
Le repas de Chabbat avec la bouteille de Mahia (eau de vie) Sud du Maroc

Divers Chants de Shabbat.

La bénédiction du Motsi (En brisant le pain, on rappelle le tétragramme de la cabbale : le pain représente le vav, 6, chacune des mains (hé, 5), les dix doigts, (10 ou yod, soit 26 au total, qui est la valeur numérique de Yod Hé Vav Hé, ou tétragramme divin): les deux pains pour chaque repas du Shabbat représentent les deux Tables de la Loi, les deux âmes (l’âme de tous les jours et l’âme supplémentaire spécifique au Shabbat). Un morceau de pain, brisé à la main, est alors distribué à chaque participant, en commençant par l’épouse.

    Le repas de la veille du Shabbat comprend du poisson (La raison de cette coutume est cabbalistique. Les âmes des justes se réincarnent à travers le poisson. En mangeant du poisson, l’âme du juste peut ainsi participer au repas du Shabbat). A la fin du repas, le birkat hamazon (ou action de grâces) est suivi d’une lecture de la michnah de Shabbat, répéteé durant les autres repas de cette journée.

    Au service de Chahrit, le matin du Shabbat, plusieurs chants liturgiques sont ajoutés à l’office ainsi que des piyoutim. La lecture de la Torah est précédée d’un commentaire du rabbin officiant. Les fidèles appelés à la lecture de la Torah offrent généralement des dons pour la synagogue et pour les oeuvres de charité.

   Après la lecture de la Haftarah (texte des Prophètes) et la remise de la Torah dans l’arche, on passe à l’office du Moussaph qui finit avec le “Ein Kelohenou” répété parfois en judéo-espagnol et en judéo-arabe, puis le “Adon Olam”.

    Durant la période séparant les samedis qui se situent entre la lecture du début du livre de la Genèse et le Shabbat précédant la fête de Pourim, il est d’usage de se lever après minuit et d’aller à la synagogue pour chanter des Piyoutim (baqqashot).

   A la fin de ce cycle, un banquet spécial est dédié au Roi David, auteur des Psaumes. Entre les fêtes de Pessah et Chavouot après le service du moussaph, des chapitres du Pirqé Abot (Traité des principes) sont lus.

  Le repas du midi est pris à la maison. Le kiddouch du Shabbat midi est suivi de bénédictions sur des fruits, les légumes, les gâteaux et le poisson; puis on se lave les mains et on bénit le pain.

   La Dafina est le repas traditionnel du Shabbat.

   Avant l’office de Minha (office de l’après-midi), on lit à la synagogue les Tehilim (psaumes). On chante le “Vaani êth tefilati lekha achem êth ratson” (Le temps de la bienveillance) avant la lecture de la Torah (qui comprend un extrait de la parachah de la semaine suivante).

   Une collation ou Seouda Chlichit (troisième collation) est prise, accompagnée de l’étude du Talmud ou d’un sermon prononcé par le rabbin, en arabe, en français ou en espagnol. Des chants ou Zemirot accompagnent ce rituel.

   Après le Motsa héchabat (ârbit de la sortie du Shabbat), la marque la fin du Shabbat. Ce rituel fait passer de la dimension sainte du Shabbat au temps profane. On récite des prières comme “Eliahou Hanavi” (le prophète élie), du rabbin Abraham Ibn Ezra, une référence aux temps messianiques.

   Puis l’officiant prononce la bénédiction du vin. On s’asperge de gouttes de vin en signe de santé et de prospérité. On bénit aussi les parfums (pétales de roses, épices, girofles… Cette coutume est associée à la croyance que, pendant le Shabbat, chaque Juif reçoit une âme supplémentaire qui le quitte à la fin de cette journée. Ces parfums l’aident à passer à travers ce moment) qui sont humés pour garder la trace de l’âme du Shabbat le plus longtemps possible, puis on passe à la bénédiction de la flamme d’une bougie reflétée sur les ongles. D’autres piyoutim suivent.

  Il est de coutume de prendre un quatrième repas “Seoudah Reviit” où l’on consomme des gâteaux et du thé chaud, accompagnés de chants. Ce rituel accomplit l’enseignement du Talmud qui veut qu’une nourriture chaude est un bon remède à tous les maux.

  Ce dernier repas,en relation avec le Messie, La Séouda de David Hamelekh (la collation du roi David, révèle une croyance que l’ère messianique surviendra un samedi soir. Une autre interprétation veut que le roi David, sachant qu’il allait mourir un samedi, faisait un grand banquet à la fin de chaque samedi pour exprimer son soulagement d’être encore vivant) achève le cycle des rituels alimentaires du Shabbat.