Blanche Ben Dahan

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Blanche Ben Dahan, l’une des précurseurs d’un nouvel espace discursif de la littérature juive marocaine, met en scène, dans Mazaltob, une jeune femme dont la trajectoire de vie pose le problème des rapports entre modernité et tradition, entre rites contraignants et autonomie de la personne. La description de l’espace du mellah exprime ces contradictions.

Partout, étouffant l’horizon, la pierre grise. Des ruelles étriquées en couloirs. Des fenêtres exiguës dont le grillage à réseau serré de violettes ne laisse jamais dépasser ses incorrections: une branche, une fleur. Un sol où, pressés les uns les autres comme les harengs en banc des mers nordiques, les petits pavés pointus ne peuvent pas exhaler un soupir d’herbe verte. La Judéria- ou quartier juif- ignore les saisons. […] De temps à autre, fantaisiste, un vieil immeuble enjambe la rue et, tandis que sous la voûte qui la coiffe d’ombre, les bruits se font plus clairs, les odeurs de girofle et de miel fondu s’attardent plus languissamment. Anonymes pour la plupart, ignorant ces escales et ces repos que sont les places, les corridors- rues succédant aux corridors -rues.

Mazaltob. Oran, Fouques, 1958, p12-13.