Edmond Amram El Maleh

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Edmond Amram El Maleh est né en 1917 à Safi. Membre du Parti Communiste marocain où il sera élu au comité central et au bureau politique, il participe à la lutte nationale du peuple marocain pour son indépendance.

En 1959, il démissionne du parti et quitte la vie politique. Installé en France où il enseignera, il écrit divers articles et études, notamment dans le journal Le Monde, et publie des romans dont Parcours immobile.

Dans ses textes hybrides, il porte le témoignage d’une société disparue où coexistaient Juifs et Musulmans dans un même espace.

Haroun était religieux sans excès cependant, avec une modération, une retenue qui contrastait avec le reste de la famille, mais imperceptiblement le texte de sa vie s’altérait, la lecture était moins affirmée, des lettres s’effaçaient, tombaient dans l’oubli, les changements s’inscrivaient en marge : était-il l’homme en qui les signes du nouveau apparaissaient, l’homme à la brisure d’un monde! On ne pouvait le dire avec certitude, son mouvement était quasi énigmatique, le tracé jamais rectiligne: des courbes, des rebroussements, des lignes qui soudain s’arrêtent court, se perdent dans les profondeurs, affleurent parfois. Il allait à la synagogue, pas tous les jours, mais impérativement pour Kippour et les autres grandes fêtes. […] « baroukh ata Adonaï » Haroun, debout la tête couverte, le verre de vin à la main, prononçait la bénédiction du vendredi soir, juste avant le dîner, sa voix était le murmure, l’écho de toute une ferveur vivante encore présente mais parfois de plus en plus souvent cela résonnait comme une voix intérieure à distance, comme si elle allait s’éteindre.

Parcours immobile. Paris, Maspéro, 1980, p.30-31.