Erez Bitton

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Erez Bitton, installé en Israël, évoque les tensions et paradoxes du retour à la Terre promise, de l’identité juive marocaine, de l’intégration problématique, et de la nostalgie d’un monde disparu.

[…] nos « maisons minuscules avaient un seul étage, avec généralement deux pièces et une cour, entourée d’un mur qui la séparait de la cour mitoyenne. Nous entendions donc à longueur de journée ce qui se passait chez nos voisins. […] Quand notre voisine Esther et ma mère entamaient leurs lamentations, on entendait deux autres voisines, Zohara et Aïcha, se joindre au concert, sans qu’on leur ait donné le mot. Et leurs gémissements s’élevaient comme une mélodie antique, effrayante et captivante à la fois. Les deux voisines, Zohara et Aïcha, habitaient de l’autre côté de la rue, à six pas de chez nous. Un mur les séparait elles aussi, et elles parlementaient par delà cette enceinte. Mais s’il advenait qu’une voisine entame une querelle futile, l’équilibre délicat entre les voisins se voyait rompu. »

De l’autre côté du mur. Lalla Aïcha la stérile, Ariel, vol. 105, 1998, p.88.

Le four et le couscoussier

« Nous étions à peine arrivés en Terre d’Israël
Que ma mère voulut bâtir, dans la cour, un village natal.
Apportez-moi des branchages
et je vous ferai des couscoussiers
et nous les vendrons pour une livre
ou deux
et nous gagnerons décemment notre pain.
Mais comme on ne les vendit pas,
il y avait des couscoussiers de toutes parts,
dans les armoires et dans les malles,
sur les lits et sous les lits.
Et nous, les enfants,
les mettions parfois pour rire sur la tête, en guise de chapeau,
ou bien encore, comme par tendresse,
appelions le chapeau, couscoussier, sier, sier, sier. »