Mordecaï Soussan
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Mordecaï Soussan, né au Maroc, a émigré en Israël où il est journaliste, correspondant de la presse écrite et radiophonique françaises.
A l’occasion d’une rencontre en Egypte de journalistes israéliens et égyptiens, il a découvert la nécessité d’un dialogue avec les Arabes.
Il décrit dans Moi, Juif arabe en Israël, à la fois pamphlet politique et somme de souvenirs, les tensions et les problèmes de l’insertion des Juifs marocains en Israël.
Ainsi, tant que vous n’aviez pas dévoilé votre origine, vous pouviez continuer à bénéficier d’un sursis. A jouir d’une précaire et relative sécurité. Mais sitôt que vous annonciez la couleur, l’attitude à votre égard se modifiait radicalement. Le dédain, le mépris, l’hostilité, voire la haine étaient aussi tangibles que le Mur des Lamentations. Au mieux on s’attirait cette réflexion : « Tiens, vous n’avez pourtant pas l’air marocain (ou tunisien ou algérien). » Au pire, et c’était le plus souvent, on vous lançait avec une petite lueur de joie mauvaise: « Je l’avais deviné d’où vous êtes. Moi, on me la fait pas ». Du premier coup d’oeil, à l’intonation, je repère l’origine de quelqu’un ! » Oui, les antisémites et autres racistes, aussi! Et à partir de là vous étiez jugé, classé, condamné sans recours. […] Oui, être Juif arabe, ou surtout Juif marocain en Israël dans les années 50, c’était être le « juif des juifs », c’était une malédiction, un anathème, une véritable marque de « aïn ».
Moi, Juif arabe en Israël. Paris, Encre, 1985, p. 90.
